Comment ça ? Vous ne connaissez pas Clubhouse, le réseau social du moment dont tout le monde parle ? Créé par deux investisseurs habitués de la Silicon Valley, il est basé uniquement sur la voix : pas de photos, pas de likes et pas de commentaires ni de partage. Intriguant, original, voire dérangeant pour certains, c'est LE phénomène digital/social de 2021.
Comment ça marche ?
Si vous êtes passés à côté du réseau social dont tout le monde parle, sachez que Clubhouse est une plateforme sociale lancée en 2020 sur laquelle chaque utilisateur peut rejoindre une "chat room", c'est-à-dire un salon privé pour écouter ce qui s'y dit et participer à la discussion.
Première particularité, la seule interaction possible avec les autres utilisateurs se fait par la voix et uniquement par la voix. Clubhouse, se sont donc des milliers de salles de discussions en temps réel avec des thématiques diverses et variées.
Pour éviter le brouhaha d'une ambiance de café du commerce, il faut demander la permission au modérateur du salon avant de prendre la parole. Vous êtes ensuite positionné sur un podium (virtuel) et c'est à votre tour d'échanger avec les autres membres. Certaines salles de discussions comptent plusieurs milliers de membres.
Ce qui change d'avec les réseaux sociaux de type Facebook c'est aussi le mode d'inscription. Il se fait par parrainage. Lancé dans la Silicon Valley, Clubhouse regroupe donc encore aujourd'hui un grand nombre d'acteurs du digital et d'entrepreneurs de la côte ouest.
Un peu paradoxal certes pour un réseau "social", mais c'est sans nul doute un moyen de faire monter la sauce autour de l'application.
Taper la discute avec Barak'
Mais ce qui donne un caractère encore plus exclusif à Clubhouse c'est qu'il est fréquenté par certaines stars et personnalités du monde politique ou économique. On dit qu'Elon Musk et Barak Obama fréquentent Clubhouse assidument ; se retrouver dans un petit cercle de "happy few" flatte inconsciemment l'égo !
En toute logique, si vous devenez membre de Clubhouse il vous sera possible, "au détour d'une chat room" d'échanger quelques mots avec Aston Kutcher ou avec le rappeur Drake et le féliciter pour son dernier album !
Speaker's corner à Hyde Park - Londres
FOMO quand tu nous tiens
Bitcoin, Culture, Politique, Entrepreneuriat, la liste des sujets abordés est infinie. Le succès de Clubhouse repose aussi sur un mécanisme bien connu des marketeurs : le FOMO (Fear of Missing Out). C'est-à-dire la peur de rater une information importante.
Sauf qu'ici, pas de scroll infini et compulsif. Mais des utilisateurs qui se surprennent à rester "à l'écoute" pendant des heures en passant de salle en salle, à l'affut de la moindre information croustillante ou d'un sujet qui les intéresse. Une ambiance des débuts de la "radio libre" des années 80 à la sauce Golden-Gate-Bridge.
"Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.."
Comme tous les succès rapides, il n'est pas exempt de craintes et de critiques. La confidentialité des données laisserait à désirer selon un rapport de l'université de Stanford. Notamment du fait que Clubhouse travaille avec une société chinoise pour chiffrer ses données. Clubhouse a depuis démenti et le nombre de membres atteint aujourd'hui plusieurs millions.
"La vie des autres" de Florian Henckel von Donnersmarck - 2006
Vraie tendance ou feu de paille ?
La crise de la COVID-19 y est certes pour beaucoup dans l'engouement suscité par Clubhouse, car jamais le besoin de se connecter avec les autres, de découvrir et d'échanger ne s'est fait le plus sentir que pendant cette pandémie.
Parfois présenté comme le "twitter de l'audio", le succès fulgurant de Clubhouse est à prendre avec des pincettes ; mais on ne peut que saluer le vent de fraîcheur et d'innovation qu'il fait souffler dans le monde du digital.
De nouveaux besoins
Les confinements et les couvre-feux à répétition ont fait exploser les usages en ligne comme le e-commerce ou le live streaming. Facebook a par exemple lancé ses "Rooms", outil d'appel vidéo permettant d'aller "saluer un ami" directement.
Sans parler du succès de Twitch de plus en plus utilisé par des non-gamers pour passer une soirée entre potes à commenter - chacun depuis chez soi - la dernière série Netflix.
Clubhouse a fait mouche quant à lui en se revendiquant comme un savant mélange de divertissement, de spontanéité et de socialisation.
Rester en mouvement
Pour Grégoire Mercier, CEO d'Addict Mobile - agence mobile à la performance présente partout en Europe - "Clubhouse représente une nouvelle manière de communiquer, simplement et efficacement, avec des gens du monde entier, qu’on connaît - ou pas. Une révolution douce dans le monde de l’échange des idées."
Pour ce serial entrepreneur qui partage sa vie entre Paris, San Francisco et le Nicaragua, Clubhouse est également un moyen de cultiver son réseau, de rester "à l'écoute" d'un écosystème en constante mutation et de gommer les distances.
The road to success
À court ou moyen terme, le premier enjeu de Clubhouse c'est de gérer en bonne intelligence l'afflux de nouveaux membres. S'ouvrir progressivement, mais pas trop pour conserver cet esprit de "petit club mondial".
L'avantage par rapport à un Facebook ou un Tik Tok c'est qu’il n'y a pas besoin de 3 milliards de membres pour que ça fonctionne. La preuve, le temps moyen passé sur l'appli par les core-users dépasse les 25 heures par semaine...addiction quand tu nous tiens !
Le second défi sera - comme pour beaucoup d'applications sociales - de se porter garant des bons usages : politesse, respect de l'autre et de ses idées. A l'ère du #metoo et de BlackLivesMatter, toute erreur de jeunesse est proscrite.
Conclusion
En excluant totalement l'écrit et l'image, Clubhouse place symboliquement la parole au centre du jeu social. La voix sera-t-elle le média "absolu" des années 2020 ? Celui qui engage, et inspire confiance à l'autre ? On demande "à voir."