D’un gazouillement à une vision mégalomane, l’envol du petit oiseau bleu atterrit dans les mains d’un méga cerveau : nous nommons Elon Musk sous les projecteurs. Alors que Tesla et SpaceX révolutionnent le monde moderne, Elon décide d’acquérir Twitter pour 43 milliards de dollars et d’entamer un nouveau bouleversement. Le 24 juillet, Twitter change de nom et de logo et devient X, son masterplan d’une méga app à tout faire.
X dans ses grandes lignes
Il ne s’agit pas que d’une nouvelle identité visuelle, toute une stratégie distincte a été mise en place. Selon Linda Yaccarino, nouvelle directrice générale, “X est l’avenir de l’interactivité illimitée - centrée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements, les opérations bancaires - créant une place de marché mondiale pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Propulsé par l’IA, X nous connectera d’une manière que nous commençons à peine à imaginer”.
X et ses changements assumés
Alors que Twitter souffrait d’une santé financière en dépression par manque de revenus, Elon Musk tourné vers un avenir prometteur s’attache à une stratégie radicalement différente, celle d’une super app inspirée du modèle chinois de WeChat, dont les gains proviennent de brand content, d’abonnements, de l’e-commerce et de services bancaires, coupant les ponts avec le modèle de publicité plus traditionnel sur lequel Twitter s’appuyait.
Dès février, l’introduction de Twitter Coins donne le ton. De nombreuses modalités grand public ont été restreintes aux services payants. Dès le 14 juillet un programme de rémunération de créateurs de contenu a été lancé pour dynamiser la promotion de contenu sponsorisé et de branding par des influenceurs probablement visant la possibilité d’une future vente directe de produits sur la plateforme. À l’avenir, envisageons que les Twitter Coins pourront être également d’efficaces outils au sein d'achats et de transactions.
X et quelques vacillements
Aller de l’avant c’est bien, s’y diriger en pas de course c’est problématique. Elon Musk va vite, très vite et peut facilement trébucher. Dans un premier temps, d’éventuelles menaces légales non concrétisées ont paru ébranler les premiers jours de vie de X. Meta et Microsoft détiendraient les droits de propriété intellectuelle de la lettre “X”.
Puis, quelques changements semblent trop ambitieux, sans véritablement respecter les bases de l’ancien Twitter. La limitation du nombre de messages privés entre non-abonnés est particulièrement étrange. À quel point une app de messagerie peut se permettre de limiter le fondement de sa propre existence entre utilisateurs ?
Deuxième vacillement, les problèmes techniques qui ont miné la bonne diffusion le 24 mai dernier de l’annonce de la candidature de Ron DeSantis à la présidentielle aux États-Unis. Alors qu’il envisage une dévotion au streaming, ses débuts n’ont pas été prometteurs.
Le changement du certificat Twitter Blue en abonnement payant détériore également la valorisation d’un bon créateur de contenu qui obtient ses résultats de façon équitable et organique. S’il suffit de payer pour l’obtention de son badge, l’idéal se corrompt et tombe à terre.
Une approche controversée en matière de modération des contenus tout comme un début considéré chaotique a éloigné quelques annonceurs de poids. Linda Yaccarino annonce leur retour sur la plateforme, évoquant par exemple Coca Cola et Visa.
Concernant les propos sensibles notamment la désinformation, le harcèlement, les théories de complot, Linda assure que la plateforme est plus sûre que par le passé. Toutefois, seul le temps pourra révéler son positionnement face à ces thèmes problématiques.
Conclusion : doutons mais espérons
Alors que la vision d’une méga app d’Elon Musk semble être un pari difficile à tenir, nous gardons espoir. Pourtant, des doutes persistent. Si le pari exige un investissement considérable et l'introduction de nombreux cerveaux compétents pour le réaliser, le licenciement de 6500 employés a été perçu d’un mauvais œil. Les revenus publicitaires ont tragiquement chuté. Elon devra affronter la concurrence de Threads, le nouveau site de microblogging lancé par Meta. Mais une lumière brille au bout du tunnel, Linda Yaccarino a annoncé la fin d’une politique d’austérité et le début d’une stratégie de croissance, ce qui veut dire que X commence à embaucher à nouveau.
Pourtant, si la méga app exige une stratégie innovatrice, pourquoi porter son choix sur Linda Yaccarino, après ses 12 ans de carrière chez NBCUniversal, au sein d’un média conventionnel au modèle publicitaire en voie d’extinction ?
Une chose est certaine, X ne sera pas un Twitter au visage ravivé suite à un lifting, mais une app décédée et réincarnée prête peut-être à atteindre son Nirvana. En attendant, observons. Le chemin est ardu et sûrement semé d’embûches et de victoires. Il ne nous reste donc qu’à faire confiance aux cellules grises révolutionnaires d’Elon Musk.
Article rédigé par Raquel Monteiro, Freelance Copywriter
